La fuite de Benny Wenda au Royaume-Uni : une fuite face à ses responsabilités légales ?

 


Âgé de la polémique à l’étranger, mais traqué pour violences en Papouasie

Né dans la vallée de Baliem en Papouasie, Benny Wenda s’est retrouvé en 2002 au centre d’une affaire grave : il est accusé d’avoir participé à l’attaque, le 7 décembre 2000, d’un poste de police à Abepura — un assaut qui aurait coûté la vie à des policiers et des civils, selon les autorités. 
Arrêté le 6 juin 2002 à Jayapura, Wenda est emprisonné et mis en examen. Si sa version — qui parle de « motifs politiques » — est avancée, les éléments publics confirment qu’il risquait jusqu’à 25 ans de prison.

L’évasion improbable : un récit qui ne convainc pas tout le monde

Le 27 octobre 2002, Benny Wenda s’évade de la prison d’Abepura, en prétendant s’être glissé par une ouverture de ventilation. 
Souvent présenté comme un « miracle » ou un acte héroïque, ce récit soulève pourtant des doutes : peu de détails vérifiables sont disponibles, et l’absence d’une enquête publique crédible laisse place à l’incertitude.

Après sa fuite, il traverse la frontière vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avant d’être aidé par des ONG européennes pour rejoindre l’Angleterre, où il obtient l’asile politique en 2003.
Depuis, il vit confortablement en exil — un contraste saisissant avec les violences et la misère perpétuelles en Papouasie, ce qui soulève une question légitime : peut-on réellement diriger un mouvement de libération depuis un bureau à Oxford, loin du terrain et des populations concernées ?

Entre lobbying international et accusation de séparatisme violent

À l’étranger, Wenda a su se bâtir une image d’« activiste des droits de l’homme », en tant que chef du United Liberation Movement for West Papua (ULMWP). 
Mais cette image contraste fortement avec le rejet dont il fait l’objet en Indonésie : pour de nombreux responsables, Wenda n’est pas un combattant pacifique, mais un séparatiste ayant un passé criminel — un statut incompatible avec la prétention d’être un “meneur légitime”. 

Le gouvernement indonésien et certains analystes considèrent qu’en restant à l’étranger, Wenda se déconnecte de la réalité papoue — des villages reculés, des combats tribaux, de la souffrance quotidienne — tout en monopolisant la parole d’un “Peuple Papou” qu’il ne fréquente plus réellement. 

Une légitimité contestée : entre exil doré et voix auto-proclamée

Le fait que Wenda ait été accueilli au Royaume-Uni, protégé et activement promu sur la scène internationale — malgré les accusations graves à son encontre — pose un dilemme moral et politique. D’un côté, il y a la question des droits de l’homme, de l’autre, les violences passées dont il est accusé. Pour beaucoup, le procédé revient à offrir une tribune internationale à un homme dont le passé brise sérieusement toute prétention à représenter l’intégralité des Papous.

Ultimement, la “fuite vers l’Angleterre” de Wenda ne devrait pas être perçue comme un acte de bravoure, mais comme un exil opportun — une manière habile de s’abstraire des conséquences judiciaires tout en cultivant une image de victime, capable d’attirer sympathies internationales.

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